Série 5/6 : La couture
Qu’elle soit ton sur ton ou contrastante, la couture est l’étape la plus visible dans la fabrication d’un article. C’est le moment où toutes les mesures prises se confirment, où il n’y a pas de place à l’erreur. Les trous d’aiguille dans le cuir sont permanents et pas toujours facile à camoufler! Quelques points de côté et la pièce est irrécupérable.
C’est ma partie préféré dans la production. Enfin j’ai l’impression que le travail avance! Les pièces s’assemblent entre elles, l’accessoire prend forme. C’est rarement l’étape la plus longue, mais la plus facile à gâcher! La machine va vite et les gestes doivent être précis et synchronisés.
La machine à coudre est un outil bien particulier. Pour travailler le cuir, il existe plusieurs types de machines. La particularité des accessoires de maroquinerie est qu’ils sont souvent rigides ou semi-rigides. Ils ne se plient pas et de ce fait, ne ‘’rentrent’’ pas dans la machine. C’est-à-dire que l’endroit où l’on veut coudre ne se rend pas à l’aiguille. C’est à ce moment que les machines à coudre spécialisées sont utiles. Au lieu d’un plateau, certaines ont un bras, d’autre un pilier, pour dégager l’espace autour de l’aiguille. Toutes ces machines ont une mécanique spéciale pour coudre le cuir. Elles sont très robustes et utilisent des aiguilles et du fil spécifiques.
Le fil que j’utilise est un fil de nylon. Comparé au fil pour coudre les vêtements, il est très gros et il est incassable. Petit détail de maroquinerie, on utilise généralement un fil un peu plus petit, mais toujours de nylon, pour le dessous (le fil dans la canette). Cela permet une plus belle couture sans être moins solide. Autre détail de maroquinerie, le fil de nylon est très lisse donc glissant, et a tendance à se découdre. C’est pourquoi il est très important de brûler tous les arrêts de fil pour les souder. Chaque maroquinier a sa technique pour brûler les fils. Quand j’ai commencé à m’équiper il y a dix ans, je n’avais pas l’argent pour acheter tous les outils nécessaires parce qu’il y en a beaucoup! J’ai donc adapté ma technique. On utilise les fers chauffants pour différentes tâches et il existe une multitude de têtes interchangeables, dont une pointe pour brûler les fils. Je n’ai acheté que quelques fers, mais pas la pointe, et utilise depuis tout ce temps un des fers que j’avais. On s’habitue au mouvement et j’ai maintenant de la difficulté à utiliser la pointe correctement quand j’en emprunte une à un collègue d’atelier. J’ai toujours peur de couper mon fil au mauvais endroit!
Une fois la couture terminée, l’accessoire est généralement presque achevé. Il reste la touche finale, qui sera le sujet du prochain texte!